Rappels sur l’amaxophobie

Si vous n’avez pas lu mon premier article sur les causes de l’amaxophobie, je vous invite à le lire, il vous permettra de mieux comprendre toutes les notions que j’aborde ici.

Comme vous le savez maintenant, une phobie est due à une exacerbation des perceptions provoquant des réactions souvent non raisonnées face à un stimuli pouvant être de différentes natures (une situation routière pour l’amaxophobie par exemple).

Cette dérégulation peut survenir à la suite d’un traumatisme (accident par exemple), d’un manque de pratique, s’installer progressivement sans raison apparente et/ou provenir d’une autre phobie qui se serait déplacée (agoraphobie qui devient une amaxophobie par exemple).

Faire son introspection pour comprendre sa peur

Connaître sa peur est essentiel si l’on a comme objectif de la surmonter. En fonction de la nature de votre peur/phobie, de son intensité, des perceptions qui la déclenchent, différentes approches pour y remédier seront possibles.

Par exemple, si votre peur fait suite à un traumatisme, il conviendra d’intervenir sur ce souvenir afin qu’il cesse de vous hanter. Quelqu’un qui aurait la phobie de circuler sur des ponts, devra d’abord s’attacher à soigner son vertige. Sans quoi, la thérapie ne sera certainement pas efficace. Idem pour la peur de circuler en ville, dans des bouchons ou sur autoroute pouvant s’expliquer par une agoraphobie (peur de la foule et de ne pouvoir s’échapper d’un espace restreint).
Enfin, si vous manquez de pratique, il se peut que vos doutes quant à vos capacités de conducteur/ice soient à l’origine de votre peur. Un manque de confiance en soi entraîne bien souvent des perceptions erronées de la réalité.

Comme il n’est pas chose aisée de se tourner sur soi-même, je vous propose ici un petit exercice qui vous permettra d’en savoir un peu plus sur vos peurs et ce qui les déclenche. Quand vous vous sentirez reposé.e, posez-vous, au calme avec une feuille de papier et un crayon.

  1. Décrivez sur une feuille de la façon la plus détaillée possible une situation de conduite (réelle ou imaginaire, vécue ou entendue) qui vous fait peur (lieu, densité de circulation/types de véhicules ou d’usagers présents, actions/tâches à effectuer)
  2. Parmi tous les détails que vous avez énuméré, priorisez ceux qui vous font le plus peur, du plus anxiogène au moins angoissant.
  3. Pour chaque élément, précisez si votre peur provient d’un facteur interne (propre à vos compétences de conducteur/ice, à vos jugements, impressions, etc) ou externe (relatif aux comportements manifestes d’autrui)
  4. Pour chaque facteur interne, déterminez s’il est justifié ou imaginé. N’êtes vous réellement pas capable de gérer votre véhicule à cet instant ? Avez-vous bien interpréter les agissements de l’autre personne ?
  5. Pour chaque facteur externe, y a-t-il un comportement que vous pourriez adopter afin de pallier à l’erreur d’autrui ?
  6. Enfin, pour chaque situation, énumérez les manifestations et sensations physiques que vous ressentez.
  7. Répétez cet exercice pour chaque situation de conduite provoquant chez vous une angoisse.

C’est terminé ?

Féliciations ! Vous venez de procéder à la première étape et certainement la plus importante. Maintenant, ayez confiance en vous et en vos capacités à aller plus loin.

Vous n’êtes pas vos peurs, elles ne vous résument pas et tout ne se résume pas à elles !

Se fixer des objectifs et s’exposer progressivement

Face à une peur quelle qu’elle soit, la principale réponse est la fuite. C’est humain et nous agissons tous comme cela. Nous recherchons un bénéfice à très court terme qui est de mettre immédiatement fin à la situation stressante. Malheureusement, ce mécanisme d’évitement va entraîner par la suite, un maintien et un renforcement de cette peur.
L’intérêt de l’exposition est alors double : éviter que la peur ne s’accentue, et se familiariser progressivement à ces situations angoissantes. Les banaliser diminuera l’intensité et la fréquence des manifestations physiques de votre peur.

Pour une pleine efficacité et ne pas vous mettre en danger, l’exposition doit être progressive et respecter des objectifs fixés au préalable. Ces objectifs doivent être atteignables mais suffisamment hauts que vous ne restiez pas dans votre zone de confort.

Les ronds-points vous font peur ? Entraînez vous d’abord sur des petits à des moments où la circulation est faible. Allez tout droit dans un premier temps, avant de vous entraîner à y faire demi-tour. Essayez ensuite avec davantage de circulation, avant de vous frotter à celui qui vous fait réellement peur en suivant le même procédé.

Vous êtes incapable de vous garer ?
Commencez par des manoeuvres simples, sur un parking vide. Puis proposez à un ami de vous stationner à côté de son véhicule, sa patience vous rassurera et vous libérera de la pression d’une manoeuvre rapide. Enfin, essayez dans une rue un peu plus fréquentée en vous faisant accompagner, puis enfin seul.e.

Pratiquer et s’exposer est indispensable à toute thérapie. Cependant, un suivi avec un professionnel peut parfois s’avérer nécessaire en complément.

Guérir d’un traumatisme ou d’une phobie profonde (claustrophobie, agoraphobie, vertige)

Ces approches font l’objet d’un suivi par un professionnel. Elles vont cibler particulièrement les causes de votre phobie, qu’elle soit traumatique ou non. En fonction de l’intensité de votre peur, il peut être nécessaire de passer par une ou plusieurs de ces thérapies.

  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

Explication : elle vous permettra de modifier les croyances et pensées négatives que vous cultivez sur-vous même et qui sont à l’origine de votre amaxophobie.

Avantages : si suivie avec assiduité, cette thérapie de long cours basée sur une ralation de confiance avec le psychologue vous aidera à sortir de vos schémas habituels de pensée. Le professionnel pourra également mettre en place avec vous des objectifs pour vous exposer progressivement aux situations que vous évitez.

  • La thérapie par réalité virtuelle

Explication : la technologie permet aujourd’hui des traitements innovants. Ici, vous ne serez pas à bord d’un véhicule mais sur une chaise de bureau avec un casque sur les yeux vous faisant vivre avec réalisme toutes sortes de situations routières.

Avantages : elle permet de traiter votre peur sans réellement vous mettre en danger. Une première exposition douce après une longue interruption de la conduite ou face à une phobie vraiment paralysante…

  • L’hypnose

Explication : l’hypnothérapeute, par une série de suggestions verbales vous plonge dans un état de conscience modifiée lui permettant ainsi l’accès à vos perceptions.

Avantages : l’hypnose permet d’outrepasser les barrières telles que vos pensées, expériences et croyances limitantes afin d’accéder directement à vos peurs. Il est ainsi possible d’en diminuer l’intensité.

  • L’eye movement desensitization and reprocessing (EMDR)

Explication : cette technique est très efficace pour une personne en situation post-traumatique.
Grâce à une série de stimulations sensorielles, le thérapeute aura accès au souvenir douloureux beaucoup plus facilement et y compris lorsque certains aspects ont été oublié par la victime. L’EMDR a notamment été utilisée par des psychologues pour le suivi des victimes des attentats de Paris.

Avantages : comme l’hypnose, l’EMDR permet de passer outre les barrière de l’esprit humain. Par ailleurs, plusieurs études scientifiques ont déjà été menées pour en mesurer l’efficacité et la placer comme thérapie de choix dans le traitement d’un évènement traumatique.

Les techniques de gestion émotionnelle 

Que vous receviez l’aide d’un professionnel ou que vous décidiez de les mettre en place dans votre quotidien, ces techniques vous permettront dans un premier temps d’atteindre un état de mieux-être général, de détente. Appliquées à la conduite, elles vous permettront d’agir à la fois sur vos perceptions de la route et de ses dangers ainsi que sur les symptômes de vos angoisses.
Durant mes formations, j’utilise à la fois la programmation neuro-linguistique et la méthode TIPI présentées ici.

  • La programmation neuro-linguisitique (PNL)

Explication : la PNL s’intéresse à nos schémas comportementaux et à la façon dont nous interagissons avec notre environnement. Par des exercices d’ancrage, elle consiste à nous faire faire reproduire certains comportements ou schémas de pensées positifs dans un environnement qui habituellement nous angoisse.

Avantages : elle vous permettra d’améliorer votre réponse aux perceptions négatives que vous recevez, et modifiera peu à peu la nature de ces perceptions.

  • La technique d’identification sensorielle des peurs (TIPI)

Explication : cette technique part du postulat que nous possédons tous et toutes des capacités physiologiques innées de régulation émotionnelle.

Avantages : en apprenant à vous en servir, vous pourrez anticiper la survenue des manifestations physiques de votre peur et les contrôler pour à terme, les faire disparaître. 

  • La sophrologie & la méditation

Explication : on ne les présente plus, tant leur efficacité n’est plus à démontrer. Ces exercices du quotidien vous aident, par une meilleure respiration notamment et une meilleure connaissance de vous-même à atteindre un état de mieux-être, si cher à la prévention des peurs.

Avantages : elles ne nécessitent aucun matériel, peuvent prendre très peu de temps et s’effectuer dans n’importe quel endroit calme. Elles vous permettront de gagner confiance en vous-même et diminueront votre anxiété générale. Des études ont démontré scientifiquement les effets positifs de la respiration sur la réduction du stress.

Pour conclure…

« Le premier qui vit un chameau
S’enfuit à cet objet nouveau ;
Le second approcha ; le troisième osa faire
Un licou pour le dromadaire.
L’accoutumance ainsi nous rend tout familier :
Ce qui nous paraissait terrible et singulier
S’apprivoise avec notre vue
Quand ce vient à la continue. […]
J’en sais beaucoup de par le monde
Qui ceci conviendrait bien :
De loin c’est quelque chose ;
Et de près, ce n’est rien. »

Bien que la route soit plus dangereuse qu’un dromadaire (quoique…), cette célèbre fable de Jean De La Fontaine illustre bien à quel point nos perceptions entravent notre jugement. Par confort, nous préférons ne pas nous exposer à une situation anxiogène. C’est à force d’accoutumance que nous finissons par aborder ce qui d’apparence nous effraie, avec davantage de sérénité.